Quelques heures plus tard, après avoir couché, fait manger et changer la petite, Soeur Héléna descendit rejoindre Soeur Marina dans sa tanière, son bureau qui était son antre de prédilection. A peine avait-elle toqué, que sa consoeur lui ouvrit, et lui désigna la chaise qui faisait face à son bureau, lui intimant par ce geste de prendre place.

- Tu dois te douter de l'objet de ma convocation, Héléna..., lui asséna-t-elle d'entrée de jeu.
- Oui, tu désires sûrement parler de l'avenir de la petite Eléanore parmi nous....
- Tu es dans le vrai ma chère ! opina Marina, d'un hochement de tête. A ce sujet, a-t-elle bien mangé, s'est elle endormie ?
- Oh oui ! C'est un amour ! Un vrai petit ange... s'emballa-t-elle.
- Héléna ! Héléna ! se désespéra son amie. Tu ne changeras donc jamais ! Tu sais bien que nous affichons complet et que ces derniers temps, nos finances sont au plus bas... De plus, j'ai pris connaissance de la lettre qui était jointe dans le berceau et ne sais qu'en penser ni quelle suite lui accorder. C'est une grave décision que nous avons à prendre.





Enfin bref, je te laisse juger par toi même ! dit-elle d'une voie que la fatigue accusait.
- Très bien, puisque tu y tiens, je me demande vraiment ce qui te tracasse autant ! Ce n'est pas la première fois que nous... s'inquiéta Héléna en prenant la lettre tendue.

- Tu comprendras donc qu'il est inutile de la garder, dans ces conditions. Bien que la lettre soit pratiquement illisible, le père nous dit bien qu'il y a du danger à sa présence... Et de plus je me vois mal expliquer aux familles qu'elle seule n'est pas à adopter...





- Nous la gardons ! la contredit Héléna dont la voie monta d'un ton. J'avoue, que c'est la première fois depuis toutes ces années que nous nous connaissons, où je regretterai presque d'être ton amie ! Tu n'as pas honte Marina !? Nous avons promis, en prêtant serment, d'aimer, chérir et protéger notre prochain ! Je vais mettre ce que tu viens de dire sur le coup de la fatigue et faire comme si tu n'avais rien dit. Nous ne pouvons sérieusement envisager de mettre ce petit ange sans défense à la porte, livré à lui même !... Si tu t'obstines dans ta décision, je quitterai l'orphelinat demain, aux lueurs de l'aube avec la petite. Et puis, si tu avais bien lu, d'après ce que dit cet homme, nous ne sommes pas en danger si nous ne faisons pas de vagues, nous ou les enfants ! Il suffit de vivre normalement. Pour les familles, il suffira de dire que c'est ma nièce. La fille de ma soeur décédée dernièrement...



- Si tu le dis... finis par concéder Marina. Je m'en voudrai de te perdre et de te mettre à la rue. Je cède donc à ta requête et me range à ton avis une fois encore, tout au moins dans un premier temps. Le temps de voir. Tu as gagné. Et puisse le ciel t'entendre et écouter nos prières ! C'est à se demander, qui dirige vraiment cet orphelinat. souffla-t-elle en désespoir de cause.
- Amen ! répondit Soeur Héléna en claironnant avec entrain, toute sa vivacité retrouvée à l'idée que sa petite protégée était sauvée.

 A Suivre...